3 questions à Monseigneur Xavier d’Arodes

Parlez-nous de la genèse du Pôle provincial. 

Face à la crise des abus, les diocèses de la province se sont rendus compte qu’ils avaient besoin d’une réponse structurée. J’ai marqué ma disponibilité après l’expérience du sanctuaire de Lourdes [il a été vice-recteur pendant 7 ans] et j’ai commencé à m’occuper de la question des abus pour le diocèse de Toulouse en 2015. L’une de mes premières missions était de réaliser un audit de la situation de la gestion des abus dans chaque diocèse avec le Dr Jean-Paul Perez, médecin général.

En 2021, les évêques de la province m’ont proposé de prendre en charge un Pôle Provincial, il y avait la nécessité d’établir une structure. La création du Pôle a été votée à l’unanimité des évêques et des vicaires généraux, le 8 décembre 2021. 

 

Quel retour faites-vous sur ces trois années de missions ?

Je pose un regard d’accomplissement mais je me dis qu’il y a encore beaucoup à faire. La prise de conscience évolue, le travail du Pôle provincial est en perpétuelle évolution. Avant, les abus étaient niés. Aujourd’hui, ils sont reconnus et de nombreuses actions sont mises en place pour éviter que cela se reproduise. 

Parmi les actions concrètes, nous avons travaillé à normaliser les procédures d’accueil des victimes, assuré la formation des écoutants, mis en place des cellules d’écoutes ou encore géré des archives. 

L’autre gros chantier qui a été entrepris, c’est la prévention : des journées provinciales, un MOOK déployé dans les diocèses, la signature d’un accord de collaboration avec le procureur de la République, une charte de bientraitance ou encore la demande d’extrait de casier judiciaire. 

 

Quel sens cette mission a pour vous ? Est-ce que vous voyez le Christ au quotidien dans toutes les situations difficiles que vous rencontrez ? 

Bien sûr ! C’est un Christ qui accompagne la souffrance, c’est saisissant de voir la quête spirituelle de ces victimes. Elles n’ont pas perdu la quête de Dieu, elles cherchent à être aimé de lui. Elles ont perdu confiance en l’institution. Ce qui me porte, c’est de voir que l’institution porte en son sein, la volonté de faire la lumière, c’est courageux, elle me donne des moyens pour mener à bien cette mission.

Ce que je souhaite, c’est que l’Eglise puisse être un témoin de la fragilité, qu’elle accepte qu’il y a des situations de souffrance et que l’imperfection fait partie de notre être.  

 

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